Banque d'affaires : Ce que font vraiment les banquiers d'affaires (et comment y accéder)

La banque d'investissement attire les meilleurs talents de la finance. Mais derrière le prestige se cache une réalité que peu connaissent vraiment.

Ce que font concrètement les banquiers d'affaires

Contrairement aux idées reçues, les banquiers d'investissement ne "jouent" pas en bourse. Ils conseillent les entreprises et les gouvernements sur leurs opérations financières les plus stratégiques.

Trois activités principales structurent la banque d'investissement :

  • M&A (Fusions-Acquisitions) : Conseiller les entreprises dans leurs opérations de croissance externe, restructurations et cessions d'actifs. Représente 40-50% de l'activité.

  • Marchés de capitaux : Accompagner les émissions d'actions (IPO, augmentations de capital) et d'obligations. Représente 30-35% de l'activité.

  • Financement structuré : Concevoir des solutions de financement complexes (LBO, project finance, restructurations de dette). Représente 15-25% de l'activité.

Le quotidien réel d'un banquier d'affaires (sans filtre)

La réalité du métier diffère radicalement de l'image véhiculée :

  • 70% du temps : Analyse et modélisation. Construire des modèles financiers, analyser des données, préparer des présentations. Le travail intellectuel prime sur les relations.

  • 20% du temps : Interaction client. Réunions, présentations, négociations. Ces moments "glamour" sont l'aboutissement de semaines de préparation.

  • 10% du temps : Coordination interne. Synchronisation avec les équipes juridiques, comptables, et les autres divisions de la banque.

  • La vérité sur les horaires : 70-80 heures par semaine en moyenne, avec des pics à 100 heures lors des transactions critiques. Les week-ends de travail sont la norme, pas l'exception.

La hiérarchie et progression de carrière

La banque d'investissement suit une structure pyramidale stricte :

  • Analyst (0-3 ans) : Exécution technique, modélisation financière, recherche. Salaire : 80-120K€ total.

  • Associate (3-6 ans) : Supervision des analysts, interface client junior, gestion de projet. Salaire : 150-250K€ total.

  • Vice President (6-10 ans) : Responsabilité commerciale, gestion d'équipe, développement client. Salaire : 300-500K€ total.

  • Director/Managing Director (10+ ans) : Développement commercial, relations clients senior, P&L responsibility. Salaire : 500K€-2M€+ total.

  • Réalité brutale : Seulement 5-10% des analysts atteignent le niveau VP. La majorité quitte pour le Private Equity, les hedge funds ou l'industrie après 2-4 ans.

Les compétences réellement valorisées

Au-delà des compétences techniques, cinq qualités distinguent les banquiers qui réussissent :

  • Résistance au stress et à la pression. Capacité à maintenir un niveau de qualité élevé malgré des délais impossibles et des enjeux considérables.

  • Attention aux détails. Une erreur dans un modèle financier peut coûter des millions. La précision est vitale.

  • Capacité de synthèse. Transformer des analyses complexes en messages clairs pour des dirigeants pressés.

  • Adaptabilité sectorielle. Comprendre rapidement les enjeux de secteurs très différents (tech, industrie, santé).

  • Intelligence relationnelle. Naviguer dans des environnements politiques complexes où les egos et les intérêts s'entrechoquent.

Comment intégrer une banque d'investissement

Trois voies principales mènent à la banque d'investissement :

Recrutement direct post-études (80% des entrées) :

  • Écoles cibles : HEC, ESSEC, ESCP, Polytechnique, Centrale, Sciences Po
  • Processus : CV screening → Tests en ligne → Entretiens techniques → Entretiens comportementaux
  • Timing : Candidatures en septembre-octobre pour un début en septembre suivant

Recrutement expérimenté (20% des entrées) :

  • Profils recherchés : Consultants (MBB), Transaction services (Big 4, boutiques), Audit (Big 4)
  • Expérience requise : 2-5 ans dans des fonctions analytiques
  • Avantage : Maturité et compétences transférables

Mobilité interne (5% des entrées) :

  • Depuis d'autres divisions de la banque (commercial, risques)
  • Processus long et incertain
  • Nécessite un sponsor interne fort

Les banques qui recrutent vraiment en France

Le marché français se structure autour de trois catégories :

  • Bulge Brackets : Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan, BNP Paribas CIB, Société Générale CIB. Recrutement massif (20-40 analysts par an).

  • Boutiques internationales : Lazard, Rothschild, Evercore. Recrutement sélectif (5-15 analysts par an).

  • Boutiques françaises : Messier Maris, Cambon Partners, Bryan Garnier. Recrutement très limité (2-8 analysts par an).

Les erreurs fatales qui éliminent votre candidature

Cinq erreurs récurrentes détruisent vos chances :

  • CV non adapté aux codes du secteur. Format créatif, absence de quantification, expériences non pertinentes.

  • Méconnaissance de l'actualité financière. Incapacité à commenter les transactions récentes ou les mouvements de marché.

  • Motivation superficielle. Attrait pour le prestige et la rémunération sans compréhension réelle du métier.

  • Préparation technique insuffisante. Maîtrise approximative de la modélisation financière et des concepts de valorisation.

  • Sous-estimation de l'engagement requis. Illusion sur l'équilibre vie professionnelle/vie personnelle.

La banque d'investissement reste l'une des voies les plus exigeantes mais aussi les plus formatrices de la finance. Préparez-vous méthodiquement ou acceptez de rejoindre les 95% de candidats éliminés dès les premières étapes.